vendredi 2 mai 2014

[Vertigo] Flex Mentallo

Flex Mentallo
Paru en VO en 1996
Disponible en VF chez Urban Comics, collection Vertigo Deluxe, 14 €
Scénario de Grant Morrison
Dessins de Frank Quitely


Cette mini-série de 96 fait honneur à sa réputation et est une excellente lecture. Le premier bon point, c'est que pour une oeuvre de cette époque là, elle n'a absolument pas vieillie. Les couleurs de Peter Doherty sont étonnement modernes et maîtrisées pour l'époque, on pourrait croire à une recolorisation (mais peut être est-ce le cas ?). Franchement, en lisant ce comics, on le croirait plus récent qu' All-Star Superman ou que les X-Men du même duo...

Bref, à part ça, cette oeuvre a un charme emprunté aux œuvres cultes que sont Watchmen, pour le côté sombre et pop à la fois, la façon de mélanger héros et réalisme, le côté "fin du monde imminente" et le désespoir qui va avec, et Kingdom Come, pour cet hommage aux héros de l'âge d'or et d'argent, pour cette envie de les remettre en avant, et l'alliance d'un monde crépusculaire avec l'arrivée providentielle de héros venus nous sauver.

Ce n'est pas à la hauteur de ces deux chefs d’œuvres... Mais on en est franchement pas loin. Morrison construit une histoire complexe, peut-être trop, comme lui seul peut en faire, alliant des tonnes de concepts, des trucs barrés et kitsch à des trucs réalistes et sombres, passant d'une réalité à une autre, parlant des créations et des créateurs.... C'est vraiment très riche. 

On alterne entre la quête étrange de Flex Mentallo dans un monde qui ne lui ressemble pas, avec des hommages récurrents aux différents âges des comics de super héros, et le monologue téléphonique de son auteur fictif, Wally Sage, qui analyse son enfance, sa relation aux comics et les BD en elles-même. C'est assez passionnant, avec de très bonnes réflexions, des scènes assez classes, et une puissance héroïque bien retranscrite.

Frank Quitely est peut être à son meilleur (avec Nou3) dans cette première collaboration  avec Morrison. Il arrive à maîtriser son côté barré pour juste offrir quelque chose d'excellent, son encrage n'est pas trop tremblotant (pas comme dans New X-Men par exemple) et, comme je l'ai dit en intro, bien colorisé.

Au final, on a là un chef d'oeuvre de Quitely et Morrison, un de plus, à ranger aux côtés de Nou3 et All-Star Superman et à lire absolument pour les fans de comics de slips.

Et notons la couverture du n°3 de Flex Mentallo, très bel hommage au TDKR de Miller.

Ma note : 9



5 commentaires:

  1. Ouiiiiiii quelqu'un reconnaît que l'encrage de Quitely est tremblotant ! (je me sentais si seul)

    (sauf que maintenant j'ai envie de le lire alors qu'avant je me disais juste "hahaha Quitely non" >.<)

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  2. Y a des gens qui sont capables de dire que l'encrage de Quitely n'est pas tremblotant ? Il adore faire pleins de petits détails, de petits muscles, de plis graisseux, de plis de vêtements etc qui rendent toujours son trait un peu tremblé, y a rarement une belle ligne bien droite.
    Après c'est pas forcément un défaut, je crois que ce que j'aime le moins chez lui c'est surtout ses visages avec des petites bouches et des grands mentons.

    C'est pas mon dessinateur favori, mais il y a un côté dingue dans ses designs, ses mises en scènes qui est souvent plaisant, et souvent Morrison lui file quand même de très bons scripts à illustrer, ici notamment. Mais je crois bien que sans Morrison au scénar' et sans les multiples critiques positives à l'égard de leurs ouvrages fait en collaboration, je n'aurais sûrement jamais ouvert un ouvrage de Quitely. Son trait ne m'attirait pas du tout à la base (quand j'étais au collège je le trouvais même horrible).

    Mais oui, je te recommande cet ouvrage. Enfin, si t'aimes à peu près le travail de Morrison et les ouvrages un brin complexe/pompeux, sinon non n'essaye pas.

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    1. Je croise pas beaucoup de gens capables de dire autre chose que "Quitely ça déchire", en fait :P Mais OUI les petits plis graisseux et les grands mentons, c'est complètement ça !

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    2. Du coup j'ai pu le lire après un passage dans une bibliothèque des environs, et ça m'a bien plu. J'ai pas été *époustouflé* non plus, sans doute parce qu'après son run sur Batman et Joe l'aventure intérieure (certes écrits après), on se rend compte qu'on reste dans les mêmes thèmes : il ne faut pas tourner le dos aux comics plus enfantins de l'âge d'or ou d'argent par exemple et rester connecté à son âme d'enfant, sans ne jurer que par le réalisme à tout prix et le X--d4rk--X, faux gages d'un récit adulte. Tout comme Joe hallucine un peu à cause de son hypoglycémie et peuple son monde imaginaire avec ce qu'il voit dans sa maison (des jouets, un tableau sur le mur...), la lampe en forme de lune ou le château du poisson rouge deviennent des lieux ou des personnages du récit.

      Mais sinon je crois que c'est la première fois que j'ai vraiment apprécié un titre dessiné par Quitely, en me disant qu'il convenait parfaitement à l'ambiance un peu étrange et aux cheveux gras de Wally Sage. Je ne l'avais pas réalisé à la lecture mais c'est vrai que les couleurs ne font pas datées : on ne se doute pas que le titre a déjà 18 ans (!), les graphismes ont un côté un peu intemporel.

      Bref, merci pour cette chronique, qui m'a permis de ne pas passer à côté de cette œuvre ^^

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    3. Merci !
      Pour ma part, je n'ai encore eu l'occasion de lire Joe l'aventure intérieure et pour son run sur Batman je n'ai dû lire que les 3 première intégrales d'Urban, donc je n'ai pas eu cet effet de répétition.
      Mais ça ne m'étonne pas qu'il ait réutilisé cette thématique.

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