Fantastic Four : l'intégrale 1961-1962
Edité chez Panini Comics
Scénario et dessins de Jack Kirby
Dialogues de Stan Lee
Quel plaisir de replonger dans les premiers épisodes des Fantastic Four ! Vous auriez bien tord de les considérer comme poussiéreux ou sans intérêts, ce sont des histoires véritablement fascinantes et qui savent se montrer incroyablement prenantes !
Edité chez Panini Comics
Scénario et dessins de Jack Kirby
Dialogues de Stan Lee
Quel plaisir de replonger dans les premiers épisodes des Fantastic Four ! Vous auriez bien tord de les considérer comme poussiéreux ou sans intérêts, ce sont des histoires véritablement fascinantes et qui savent se montrer incroyablement prenantes !
Les Fantastic Four sont nés
en 1961 et sont issus du cerveau du génial Jack Kirby, créateur de
génie qui a su profiter de la situation désastreuse de Marvel à
l'époque pour créer l'univers foisonnant de la Maison des Idées
durant les années 60. L'éditeur n'ayant plus rien à perdre à
donner carte blanche à Kirby qui créé alors de tous nouveaux
super-héros qui ont alors une particularité bien spéciale :
ce sont des super-héros à problèmes. Héros malgré eux, qui se
disputent, qui font faillite, qui ont des faiblesses. Et les bastons
ne sont qu'une partie des histoires qui laisse place aussi à tout
une partie plus soap à côté. Kirby, dans une folie créatrice qui
le caractérise et bosseur comme nulle autres, inventera tellement de
héros qu'il ne pourra tous les animés. Il confie, par exemple,
Spider-Man à Ditko après avoir fait 5 pages tests. Bien lui en a
pris quand on voit ce qu'en a fait son collègue dessinateur.
Bref,
Kirby créé en masse, écrivant ses récits au fil de la case. Point
de scénario préétabli chez lui, il a tout en tête et il dessine
directement. C'est sûrement ça qui lui permet de produire autant,
et c'est sûrement ça qui rend sa façon de raconter les histoires
si unique, mais j'y reviendrais plus tard. Vous vous demandez
peut-être pourquoi je n'ai pas évoqué Stan Lee depuis tout à
l'heure ? Et bien parce qu'il n'était au final que dialoguiste
sur les histoires de Kirby, et encore, celui-ci lui indiquait quoi
mettre dans les bulles sur les planches qu'il livrait à l'éditeur !
Je ne sais pas quel rôle à eu Lee dans les récits qu'il a fait
avec d'autres dessinateurs, mais une chose est sur, sur ceux de Kirby
c'était surtout un responsable éditorial et un dialoguiste qu'un véritable scénariste.
Nous voilà donc en 61
et Kirby créé les 4 Fantastiques, une amélioration de son concept
des Challengers de l'Inconnu qu'il avait créé pour DC quelques
années auparavant (le costume que les 4F portent sur l'île au
monstre dans leur première aventure et d'ailleurs de la même
couleur que celui des challengers). 4 personnages, explorateurs du
monde moderne, confrontés à des situations et des adversaires
extraordinaires. Sauf que cette fois-ci, les personnages sont plus
variés (un intellectuel, sa fiancée, le jeune frère de celle-ci et
un costaud pote de l'intellectuel) et disposent de pouvoirs
extraordinaires après avoir effectué un vol à bord spatial à bord
d'une fusée expérimentale visiblement pas assez fignolée et qui
laisse passer les rayons cosmiques. Les rayons transforment le
métabolisme des héros qui se retrouvent donc dotés d'aptitudes
hors du commun, liées à leur caractère.
Ben Grimm, colérique et d'allure
athlétique, est devenu la Chose, un humanoïde rocheux laid, soupe
au laid et doté d'une force surhumaine. Johnny Storm, jeune homme
fonceur, devient la Torche, capable de s'enflammer et de voler. Susan
Storm (ou Jane Storm dans certaines VF), jeune femme effacée et
discrète devient l'Invisible (ou la Fille Invisible, selon les
versions) et enfin Reed (ou Red) Richards, intellectuel leader du
groupe devient Mr.Fantastic (pas mégalo déjà) et à le pouvoir
d'être devenu élastique, de pouvoir allonger son corps et ses
membres, ce qui colle plutôt bien, je trouve, à son caractère de
chef qui veut tout contrôler. Donc voilà 4 personnages, 4
caractères, 4 éléments, 4 pouvoirs différents et comme il est dit
dans Fantastic Four #1, "C'est ainsi que naquirent les
Fantastiques ! A partir de ce jour là, le monde ne serait plus
jamais le même !"
A partir du moment où les Fantastiques
constatent qu'ils ont des pouvoirs, ils décident très rapidement
qu'il faut mettre ses dons extraordinaires au service de l'humanité.
Et à partir de là ils vont vivre une foule d'aventures
merveilleuses dont les 9 premières sont regroupées dans cet
excellent album. Les premiers récits de Kirby sont vraiment des
héritiers des récits de monstres qui étaient populaires jusqu'au
début des années 60. Les personnages n'ont alors pas de costumes,
ne sont pas forcément très héroïque (le visage de Reed, hautain
et froid, ou de la Chose, dégoulinant et monstrueux, deviendront
plus nobles, valeureux, avec les épisodes et sont assez
antipathiques dans le premier numéro) et ont une forte tendance à
affronter des créatures géantes. On en croise en effet dans
l'épisode 1, 3 et 4 et ce n'est qu'à partir de l'épisode 5 et
l'apparition du Dr.Doom que les 4F trouvent vraiment leurs tons, avec
des super-vilains charismatiques et des destinations improbables,
même si l'influence se fait encore ressentir (l'épisode 7 avec
Kurrgo, maître de la planète X, aurait en partie eu sa place dans
une anthologie de science-fiction).
Ce qui frappe dans ses
récits, c'est l'esprit complètement loufoque de Kirby et son
inventivité incroyable. Aucun épisode ne ressemble à un autre. On
a beau revoir certains vilains plusieurs fois ( Namor, le Dr.Doom),
jamais les situations ne sont identiques, elles changent même du
tout au tout à chaque fois. Exploration de l'île au monstre, combat
face à un monstre marin géant, immeuble emporté dans l'espace,
voyage à travers le temps pour trouver le trésor de Barbe Noire...
Leurs aventures se réinventent à chaque fois, surtout que Jack
Kirby rajoute en plus tout un côté dynamique de groupe à côté.
Ils s'engueulent régulièrement, surtout la Chose qui doit subir sa
tragique transformation en monstre et qui du coup n'est jamais
content et ne se fait pas prier pour le dire. Il se bat avec la
Torche, ce dernier se barre de l'équipe puis revient, Jane tombe
amoureuse d'un de leur ennemis (Namor) et ils se retrouvent même en
faillite dans l'épisode 9 (ne cherchez plus d'où vient l'idée
de base du premier arc de la série Fantastic Four Marvel Knights,
c'est de là ! ) …
C'est le fait que Kirby pousse les
interactions entre les personnages à un niveau inhabituel pour
l'époque qui fait que les récits marchent si bien et qui surtout
provoque l'attachement aux héros. Ils sont fondamentalement humains
et proches de nous. Surtout ce pauvre chose, qui sous sa carapace de
pierre, peut être n'importe lequel d'entre nous. Et il est surtout
animé par ce fil rouge impitoyable du "arrivera t-il à
redevenir humain ?". On se doute bien que non, mais il y
a toujours un moment dans l'épisode, où pour une raison expliquée
ou non, il redeviendra humain avant de se retransformer
inlassablement en monstre, ne pouvant échapper à sa malédiction.
Et cela toujours accompagné des fameuses 3 cases de transformation
monstrueuses de Kirby, rajoutant au drame.
Les récits subjuguent aussi par leur
dimension incroyablement farfelue. Le côté improvisé des récits
en est peut être la cause, mais il faut bien comprendre que les
récits de Kirby fonctionnent selon leur propre logique que seul le
dessin peut expliquer. Chez l'auteur, il n'y a ni espace ni temps. Si
les personnages doivent se rendre quelque part, que ce soit à
l'autre bout du monde ou non, ce sera fait en une case et il ça aura
eu l'air de n'avoir pris que 5 minutes. Les décors ne sont jamais
les même d'une case à l'autre et ne sont jamais très fouillés,
créant un espace complètement malléable selon la volonté de
l'auteur, et maintes choses complètement absurdes se déroulent dans
les épisodes : la flamme de la torche peut vitrifier l'eau,
faire fondre la roche ou créer des clones de flamme, la Chose peut
soulever un mur dans une habitation pour se cacher derrière, Namor
regarde la télévision américaine dans son palais sous-marin, des
extra-terrestres dont le monde est sous le point d'être terrassé par
un astéroïde ont le temps, avant que ça n'arrive, de faire un
aller retour jusqu'à la Terre pour aller chercher les Fantastiques,
le Puppet Master connaît exactement, sans qu'on sache pourquoi, la
disposition exacte des meubles du bureau du directeur de la prison
d'Etat... Bref, c'est du grand n'importe quoi, mais ça fait aussi
partie du charme de ses récits tout en leur ajoutant un côté
imprévisible, car les lois de la logique sont différentes ici, ce
sont celles du récit imagée. N'oublions pas non plus les problèmes
de pouvoirs complètement hasardeux qui tombent toujours au bon
moment pour l'avancée de l'intrigue et l'ajout de drame.
Bref, cette première intégrale des 4
Fantastiques est vraiment une lecture très plaisante. Les aventures
sont bariolées et passionnantes, bourrées de moments cultes, de
bonnes idées, de personnages charismatiques et de drames intimes,
comme la Chose qui ne peut redevenir un homme, où Namor dont la
fureur est une conséquence de éradication de son royaume
sous-marin causée par les essais nucléaires des hommes. Ajoutez à
ça le dessin toujours plein d'énergie, toujours très dynamique et
bourré de cases iconiques de Kirby, et vous obtenez quelque chose de
véritablement culte, en plus d'être le fondement de l'univers
Marvel actuel.
A lire et à relire absolument.
Ma note : 8
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